ARTISTE PEINTRE

Quelques éléments de lecture

Au départ, c'est arrivé fortuitement. Je faisais des signes à la personne qui me photographiait d'un balcon. J'étais au milieu d'un groupe de touristes et je m'amusais à m'imaginer vu du balcon. Lorsque j'ai regardé la photo, j'ai tout de suite pensé que ça ferait un sujet de peinture intéressant. Cet aller-retour imaginaire entre ces deux situations m'interpelait.  tre dedans et se voir du dehors me rappelait une métaphore : le point de vue Sirius.
Le spectateur peut s'y voir représenté et faire l'expérience de ce point de vue. Mon travail invite à s'extraire un instant et de porter un regard différent sur soi-même. On pourrait appeler ça un jeu de réflexion. Ré-flexion, flexion sur soi, travail sur soi.

Ce point de vue me permet aussi de questionner sur cette opposition sémantique qui constitue pourtant l'essence humaine : la singularité uniforme. J'utilise cet oxymore pour exprimer mon étonnement quand je vois à quel point nous sommes tous semblables et pourtant chacun unique, inimitable. L'objet de réflexion se résume en un mot : altérité.

Le spectateur peut trouver matière à s'inventer une histoire. Je pense que mon travail est implicitement narratif. Il n'impose rien en particulier mais propose un terrain propice à l'imagination et à se raconter mille et un récits…

Le cadrage plus ou moins arbitraire ne ferme pas la composition et permet à l'imagination du spectateur de s'échapper de l'espace de représentation. De ce fait, c'est une peinture expansive. Elle paraît plus grande qu'elle n'est en réalité. Le fond, le sol reste neutre et même si l'endroit photographié au départ est connu, peu d'éléments permettent de situer le lieu de la scène. L'important n'est pas là. De même, les personnes représentées ne sont pas reconnaissables mais conservent une personnalité. Le temps non plus n'est pas défini. Aucun indice ne précise la date, l'heure ou même la saison. Il reste tout au plus un élément architectural, une lumière, un détail qui ancre la scène dans une réalité passée. En définitive, ni le lieu ni le temps n'en sont les enjeux.

Pourquoi utiliser la peinture à l'huile alors que la photo préexiste à l'œuvre?

Il s'agissait pour moi de rendre le sujet le plus vivant et le plus sensible possible. La photo, pour ce que je peux en faire, n'était pas satisfaisante. Trop mécanique. L'huile, par contre, en ce qu'elle a d'imprécis, d'accidentel et d'organique permet ce souffle que je cherchais. Cette respiration propre à la vie se retrouve de façon métaphorique dans le processus chimique même. L'huile s'oxyde en séchant.